Au début des années 1990, Roxanne Butler est une joueuse de rugby passionnée et déterminée à exceller dans son sport. Mais l’équipe senior souffre d’un manque d’encadrement, ce qui pousse Roxanne à prendre les choses en main, amorçant ainsi, sans le savoir, la carrière qui l’occupe depuis trois décennies.  

« Il n’y avait pas d’entraîneur sérieux, se souvient-elle. On se retrouvait souvent seules, alors je prenais sur moi de diriger l’entraînement. C’est à cette époque que j’ai commencé le processus de certification. On m’avait dit que pour accompagner une équipe hors de l’île, il me fallait un certain niveau de certification. J’ai obtenu mon niveau 3 il y a un peu plus de 10 ans, et j’ai débuté mon niveau 4. J’adore ça. »

Aujourd’hui, celle que ses athlètes surnomment « Rox » est l’entraîneure de rugby la plus qualifiée et accomplie de Terre-Neuve-et-Labrador.

Pour saisir l’ampleur de son succès, on n’a qu’à penser à l’équipe féminine junior (U19) qui, sous son leadership, a non seulement atteint pour la première fois le Championnat national, mais y a décroché une médaille de bronze; ou à l’équipe nationale féminine senior, pour qui Roxanne a été la gérante pendant 12 ans, à titre bénévole. Fait saillant : en 2017, les équipes féminines junior et senior de Terre-Neuve, qu’elle accompagne en Irlande pour le tournoi en marge de la Coupe du monde, remportent chacune un trophée.

Plus récemment, Roxanne a été gérante de l’équipe féminine du programme Canadian Classics (2022 et 2023) et entraîneure de trois équipes provinciales féminines juniors (U15, U17 et U19); à l’heure actuelle, elle est administratrice de la Fédération de rugby à quinze de Terre-Neuve-et-Labrador, et directrice du programme féminin au Swilers Rugby Football Club. Elle a aussi été l’entraîneure d’Équipe Terre-Neuve-et-Labrador à la toute première épreuve de rugby à sept des Jeux du Canada, à Niagara en 2022.  

Une première qui a d’ailleurs posé plus d’un défi. Comme l’explique Roxanne, la COVID-19 et le report des Jeux éclipsaient l’intérêt des filles pour le rugby à sept. Jusqu’à ce qu’elle trouve le moyen de renverser la vapeur.

« Par un beau jour de neige, j’ai déblayé ma voiture et me suis rendue chez chacune des filles pour déposer, à sa porte, un ballon de rugby. Puis, par Zoom, nous leur avons montré différents exercices, et nous avons établi des défis mensuels. »  

Quand la pandémie s’est essoufflée, les athlètes ont repris l’entraînement au club Swilers. Mais l’absence de compétition retardait toujours le retour à la normale. Roxanne et des entraîneurs de l’Î.-P.-É., de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick ont alors mis sur pied un circuit de petits tournois. Cette initiative a permis à l’équipe de se préparer pour les Jeux du Canada 2022. Le circuit demeure à ce jour, alors que débute l’entraînement pour les Jeux de 2025.  

Plusieurs personnes ont inspiré Roxanne au fil de sa carrière, et façonné l’entraîneure et la gérante qu’elle est aujourd’hui. Tout particulièrement Ric Suggitt, qui a été l’entraîneur des équipes nationales féminine et masculine de rugby jusqu’à son décès, en 2017.

« Gérante de ses équipes, je me tenais sur la ligne et je notais tous ces jeux, j’observais son style, sa manière de parler aux athlètes, ce qu’il faisait, comment il le faisait, raconte Roxanne. J’espère avoir réussi à suivre un peu son exemple, et insuffler aux joueuses d’aujourd’hui ne serait-ce qu’une fraction de la joie qu’il m’a inculquée. C’est mon idole. »

Pour elle, le rugby est plus qu’un sport : il est porteur d’un sentiment d’appartenance. C’est ce qu’elle espère transmettre, par son style d’entraînement, à ses athlètes.

« Je veux que le sport leur procure de la joie. Qu’elles s’y sentent chez elles, en famille. C’est ça que le sport m’a donné – une place et une famille. Je veux qu’à l’entraînement elles se sentent en sécurité. C’est un sport extraordinaire. »